La régurgitation est un processus physiologique en lien avec une immaturité du sphincter inférieur de l’œsophage. Ce processus peut entrainer des régurgitations et des vomissements chez le bébé. Certaines peuvent être importantes et intense dans les premiers mois. La maturation des systèmes, on estime vers 12-14 mois, va faire disparaitre ce processus. Il arrive que le reflux soit pathologique et qu’il entraine alors une dysfonction dans la prise alimentaire. Une de nos préoccupations en tant que professionnel de santé c’est de maintenir le plaisir alimentaire, d’accompagner le bébé dans son développement sensoriel et moteur au niveau de la bouche et de soutenir les parents et le bébé dans les transitions alimentaires pour permettre d’acquérir une alimentation de table sereine.
Le reflux est un dysfonctionnement qui n’est pas rare.
Dans cet article je ne vais pas revenir précisément sur les signes (rapide description ci-dessous) et la description médicale du reflux. Je ne vais pas non plus différencier le reflux physiologique de celui qui va être pathologique. En effet, dans ma clinique les deux peuvent avoir une répercussion dans la prise alimentaire et perturber le plaisir à se nourrir.
Pour limiter les inconforts en lien avec le RGO, il est courant de proposer au bébé et à ses parents un traitement pour limiter les conséquences du reflux mais il est important de prendre également en compte tous les impacts sur l’occupation du repas et de ne pas laisser seul les parents face aux difficultés de prise alimentaire qui peuvent s’installer en lien avec le reflux.
Quels sont les signes que l’on peut observer, chez notre bébé ?
- Un bébé douloureux
- Un bébé plus irritable
- Un retard de croissance
- Des problèmes respiratoires
- Une mauvaise alimentation
- Une difficulté dans le sommeil
- Un trouble de la déglutition
- La vidange gastrique peut être limitée
- Une diminution de la faim
- Une satiété plus rapide
Attention, référez-vous à un avis médical pour le diagnostic.
En effet, les parents voient parfois leur quotidien se complexifier et ils sont seuls à
accompagner un bébé qui peut être douloureux et voir son alimentation, le sommeil, de développement sensoriel et moteur chamboulé.
Le RGO va entrainer un inconfort intestinal qui va avoir une répercussion sur la prise alimentaire en elle-même. En entrainant une douleur en lien avec la prise alimentaire, le bébé peut développer très tôt des émotions négatives sur le repas.
Comment un ergothérapeute peut vous accompagner dans le quotidien ?
L’ergothérapeute prend en soin la personne quand il y a une dysfonction dans les occupations de la vie quotidienne. Les parents peuvent donc être motivés pour consulter un ergothérapeute car le repas de bébé est perturbé et donc la performance alimentaire est moindre. Le bébé peut avoir une faible prise de poids, ne peut pas se nourrir par la bouche, ou mettre en place des stratégies pour limiter sa prise alimentaire, éviter les repas.
Alors comment garder une expérimentation positive autour de l’alimentation en soutenant la famille ?
Comprendre l’intérêt d’une bonne installation : Le reflux, c’est une histoire de mécanique c’est-à-dire qu’il y a certaines positions qui vont majorer les remontées dans l’œsophage et d’autres qui vont aider à maintenir les suc gastriques dans l’estomac. Bien s’installer pour dormir, mettre bébé sur le dos en proclive, on va rehausser la tête de bébé pour éviter les remontées.
Attention aux matériels de puériculture qui peuvent favoriser l’hyper flexion des hanches et donc augmenter la pression abdominale et par conséquent les reflux. Soyez donc attentif à certain siège auto par exemple.
Pour faire le rot de bébé, on va proposer une position avec les jambes en extension et la tête au-dessus des épaules.
Le portage est un bon moyen de soulager le bébé avec un RGO mais parfois les réactions de notre bébé vont nous déstabiliser sur ce point. En effet, un bébé douloureux peut se placer en extension et donc avoir des difficultés avec la position dite physiologique de portage. Une monitrice de portage pourra alors vous aiguiller sur le choix et le positionnement de votre bébé.
Pour boire notre bébé sera plus confort sur le côté gauche (latéral gauche), en effet de part la forme de l’estomac, les reflux seront limités mécaniquement. Pour allaitement, la position latéral gauche sera aussi à privilégier (on ne change donc pas le bébé de côté même quand on change de sein). La position dite physiologique pour allaiter dite « Biological Nurturing »
(Maman semi allongée en proclive, bébé en position ventrale avec une stimulation de tous les réflexes néonataux) sera facilitante pour allaitement mais aussi pour limiter les symptômes RGO.
On peut agir sur l’impact émotionnel du RGO bien avant le diagnostic et la mise en place du traitement
Si on observe les signes inconforts comme vu, ci-dessus, on peut rapidement mettre en place des petites actions pour aider notre bébé. L’objectif est donc de garder une expérience positive par rapport à son alimentation lactée afin de maintenir les quantités fonctionnelles.
Pour cela on peut privilégier une alimentation réflexe, c’est-à-dire, quand bébé est dans son sommeil, on peut aussi reproduire un environnement de succion reflexe en proposant alimentation dans un endroit calme, sombre et en favorisant le peau à peau. On peut augmenter la fréquence alimentaire pour diminuer la quantité prise par repas (en effet une grande quantité de lait peut augmenter les symptômes d’inconfort et de douleur).
Une réflexion sur le choix des textures et sur le débit de la tétine (sur le biberon) peut également être explorer pour augmenter le confort du bébé.
Rétablir précocement les expérimentations positives autour du repas :
Très rapidement le bébé peut faire un lien émotionnel négatif autour de l’alimentation. J’ai vu des nourrissons mettre en place très rapidement dans leur histoire alimentaire, des stratégies d’évitement pour ne pas boire le lait. Quand on prend conscience que notre bébé met en place des
émotions négatives sur alimentation, il est important de casser les codes habituels. On peut changer l’environnement pour allaiter ou biberonner, une autre position que ce soit pour bébé ou pour maman. Trouver une autre pièce. Pour les bébés allaités, qui s’opposeraient à la mise au sein, on peut proposer des alternatives temporaires à la prise au sein dans la journée et garder les tétées nocturnes. Attention il est indispensable de se faire accompagner par une consultante en lactation certifié IBCLC ou qui à deja une expérience significative, pour maintenir la lactation et la succion du bébé. On va augmenter la fréquence de la prise alimentaire au cours de la journée si cela convient au bébé et à sa famille.
Les bébés douloureux et notamment ayant une expérience de reflux aime avoir le contrôle sur alimentation
Il est important de bien observer son bébé souffrant de reflux, il a besoin d’avoir un maximum de contrôle sur la prise alimentaire et il nous montre quand il faut
stopper la prise alimentaire. On va donc être attentif aux signes d’arrêt de prise alimentaire que bébé va nous envoyer (extension, détournement de tête, pincement des lèvres, recul…). On va rendre actif notre bébé dans la succion en lui proposant de téter dans la position physiologique allaitement ou en positionnant le biberon à l’horizontale (cela entraine une succion plus active. De la même façon, on va encourager rapidement l’autonomie alimentaire avec la cuillère. Les cuillères Numnum seront parfaite pour laisser faire bébé tout seul. Si autonomie n’est pas possible, bébé ne fait pas le main bouche, on va lui proposer la cuillère devant les lèvres et attendre une ouverture de la bouche. Il est parfois nécessaire de trouver les outils qui pourront rétablir une prise alimentaire efficace et surtout plaisir (cuillère biberon, tasse, paille…)
Maintenir le développement du système sensoriel
On sait que le reflux et notamment les douleurs peuvent avoir un impact négatif sur le développement de la sensibilité du bébé, et notamment au niveau oral. Les bébés RGO peuvent avoir une hypersensibilité dans la bouche mais aussi une hyposensibilité.
Les troubles sensoriels peuvent avoir un impact sur la prise alimentaire et le développement sensori-moteur oral. Il est donc important d’accompagner nos bébés avec des reflux dans la découverte du main bouche en augmentant les expériences positives.
Le bébé qui a mis en place un déplaisir sur alimentation, peut mettre en place un nauséeux de communication, le rôle de ce nauséeux est de vous informer de son inconfort quand il mange.
On va être attentif à ne pas déclencher le nauséeux sensitif (chez un bébé hypersensible dans la bouche) avec les tétines ou le mamelon. Chez certains bébés, il ne sera pas possible que le mamelon aille jusqu’au palais mou (rétablir le positionnement du mamelon peut alors avoir un impact négatif sur la prise alimentaire) ou que la tétine soit trop grosse ou trop longue. Il faut garder en tête, qu’à chaque fois que le nauséeux est déclenché cela va entrainer une émotion négative. Une cuillère trop large, trop longue peut également faire sur réagir la bouche, soyons attentif à la taille et la largueur de celle-ci et à la quantité des aliments que l’on va mettre dessus.
Prendre le temps de l’habituer au changement
Certains bébés ont besoin de changer les choses très progressivement afin d’apprendre à manger une autre texture, un autre goût. Les changements devront se faire de manière micro graduée.
Repenser le timing des prises alimentaires
Le lait est l’aliment principal du bébé jusqu’à ses un an, on recommande donc de donner en premier le sein ou le biberon avant les propositions alimentaires solides. Pour nos bébés ayant un RGO, il peut être bien plus nauséeux au moment des repas et notamment si on lui propose le biberon avant. Dans certains cas, bébé peut avoir des vomissements et donc renvoyer tout son apport en lait. Si on observe cette attitude, on va privilégier les expérimentations alimentaires à distance des
repas ou avant la prise de lait.
Soyons attentif à bien accompagner les transitions alimentaires
Dans mon monde idéal, il serait intéressant d’accompagner les bébés et leur famille dans les deux premières années au niveau alimentaire. Je ne parle pas d’un suivi régulier mais de pouvoir être là dès que les parents ressentent une difficulté alimentaire dans les repas. La prise alimentaire peut rester impacter même si les symptômes du RGO ont disparu. En effet, au niveau clinique, nous savons que les transitions peuvent être plus compliquées et doivent faire l’attention parfois d’un accompagnement personnalisé. Le bébé ayant une sensibilité différente, peut avoir des difficultés pour faire ses transitions alimentaires entre 0 et 2 ans. Le développement des capacités sensori-motrices au niveau alimentaire peut être
perturbé et, bébé peut avoir du mal à mettre en place des compétences de mastication et avoir des nauséeux de timing plus important.
Retenons qu’il est bien sur nécessaire de limiter les symptômes douloureux du bébé quand il présente des reflux pathologiques mais il est également important d’accompagner le repas dans sa dimension globale. L’objectif étant de garder et maintenir le plaisir alimentaire et la découverte de son alimentation entre 0 et 2 ans.
Des professionnels de santé comme les ergothérapeutes peuvent accompagner l’occupation du repas chez bébé en prenant en compte son développement sensori moteur mais aussi tout l’environnement autour de l’alimentation afin de maintenir une prise alimentaire sereine.
Marie, Ergothérapeute
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